Il était une fois l’histoire de Maurice

 

Textes en provenance du site morizilyans
Photos et mise en scène par les élèves de CE1D

 

Préambule : Découverte Ile Maurice : des Arabes aux Portugais

A lire sur le site de Nicolas : Morizilyans

 

***

 

L’exploit de Diego Fernandez Pereira, qui foula pour la première fois l’Isla do Cirne avec son équipage du Cirne en manque de vivres, ne tarda pas à faire du bruit dans toute l’Europe qui avait entamé la conquête du Nouveau Monde. Mais, personne ne su l’endroit exact où se situait l’île foulé par Pereira, seules quelques cartes détenus par le Portugal indiquaient la découverte du navigateur.

 

EPISODE 1 :  Vasco De Gama (1498)

L’isla do Cirne étant l’escale rêvé de la Route des Indes, les Portugais n’ont pourtant pas eu l’ambition de s’y installer. Vasco de Gama, le plus connu des navigateurs portugais, était plutôt poussé par l’Extrême-Orient. fit en 1498 le tour de cap de bonne espérance en route vers l’Inde fabuleuse.

Ainsi, très peu de Portugais foulèrent l’isla do Cirne pour y faire escale.

 

 

***

 

EPISODE 2 : extinction des dodos (1710)

En 1595, Jan Huygen Van Linschoten, navigateur hollandais au service du commerce portugais de l’Océan Indien, était le confident de l’archevêque de Goa, un des quatre forts du commerce portugais des épices situé sur la côte occidentale indienne. C’est lorsqu’il fut recruté pour travailler au sein de la compagnie de son pays natal à la suite du blocus du port d’Anvers qu’il trahit le secret des routes suivies par les navigateurs portugais au travers d’une Relation de voyage qui dévoila les coordonnées exactes de l’isla do Cirne. Il est d’ailleurs possible de retrouver cette carte de l’Océan Indien au Blue Penny Museum à Port-Louis.

C’est à la suite de cette trahison que l’amiral hollandais Wybrandt Van Warwyck quitta le port de Texel (Pays-Bas) vers deux des quatre forts portugais situé à Bornéo et Malaca dans le Sud-Est asiatique. Après le passage au Cap de Bonne-Espérance, la flotte de Van Warwyck dût affronter des intempéries qui le dévièrent de sa route. C’est le 17 septembre 1598 que l’équipage de Van Warwyck aperçut la terre et y débarqua trois jours plus tard dans la Baie du Grand-Port que Van Warwyck baptisa « Port Warwyck« .

L’équipage hollandais explora l’île, découvrant que celle-ci avait un potentiel certain. Ils y trouvèrent des tortues, des chauve-souris (introduites par les Portugais), et de curieux oiseaux dodus au bec crochu et aux ailes atrophiées, incapables de voler, qu’ils n’avaient jamais vu de leurs vies. A la suite de cette exploration, Van Warwyck rebaptisa l’isla do Cirne du nom du stathouder de Hollande et de Zélande, Mauritius. Le navigateur et son équipage restèrent une quinzaine de jours, et le 2 octobre 1598, il quitta l’île avec des échantillons de nombreux arbres précieux (palmistes, cocotiers, ébéniers, etc.) et continua sa route vers Bantam.

 

 

Ce n’est que 6 ans plus tard que de nouveaux navires hollandais revinrent cette fois dans la baie du Nord-Ouest qu’ils appelèrent « Rade des Tortues » parce que de nombreuses tortues terrestres s’y trouvaient à leur arrivée. Ils pensaient en faire un nouveau port, mais avec le naufrage et la mort de Pieter Both,gouverneur hollandais qui revenait des Indes Orientales, dissuada les hollandais qui évitèrent cette baie qu’ils qualifièrent de maudite.

La première tentative de colonisation de Mauritius par un gouverneur et une vingtaine de familles date de 1638. L’essor de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales amena les navigateurs à faire de Port Warwyck la base hollandaise de l’Océan Indien. Un fort fut construit dans l’actuelle vallée de Ferney, mais il ne favorisa pas l’essor de la colonisation puisque le nombre d’habitants ne dépassa pas 300 pendant la période hollandaise.

Les Hollandais pillèrent l’île malgré tout en exploitant le bois d’ébène, chassant les tortues et les vulnérables dodos pour leur chair (ce qui causa leur extinction). Cependant, ils introduisirent le cerf de Java, le bétail, les volatiles, le tabac, la banane, le citron et la canne à sucre, aidés dans leur tâche par des esclaves africains et malgaches.

 

 

***

 

EPISODE 3 : l’occupation française (1715-1810)

Au début du XVIIIème siècle, les deux plus grandes nations européennes (France et Angleterre) se disputent les mers et la Route des Indes. Les Français, ayant annexé l’île Bourbon (l’actuelle Ile de la Réunion) au Royaume de France depuis 1649, sont très intéressés à l’idée de s’approprier Mauritius et de favoriser son essor malgré son éloignement avec le continent.

Dans les années qui suivirent, les Français eurent autant de mal que les Hollandais à vivre sur l’île : compte tenu de l’éloignement de la métropole et des aléas climatiques, les débuts de l’Isle de France furent difficiles. Dès 1721, arriva les premiers colons et quelques centaines d’esclaves venant d’Afrique Occidentale Française. L’adaptation du Code Noir, qui réglementait l’esclavage dans les Antilles depuis 1685, aux territoires des Mascareignes favorisa en 1725 l’arrivée de milliers d’esclaves supplémentaires venant principalement de Madagascar et d’Afrique Orientale pour y cultiver le café et les plantes à épices introduits par les Français.

Mais ce n’est qu’à partir de l’arrivée de Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais en 1735 que l’Isle de France connue un développement économique important. Le nouveau gouverneur des Mascareignes dirigea la colonie durant 11 ans et fonda la ville de Port-Louis (en l’honneur du roi Louis XV) dans la baie du Nord-Ouest où une colonie de tortues y vivaient encore un siècle auparavant. Le Nord-Ouest de l’île acquiert ainsi une importance stratégique sur la Route des Indes. Un hôpital, des routes, des magasins et des fortifications furent érigés. De vastes terres furent utilisés pour y cultiver le café, le blé, le coton, l’indigo et la canne à sucre. Cette dernière largement exploitée parmi tant d’autres, permit au gouverneur de créer les deux premières sucreries de l’Isle de France : celle de La Villebague (Grande Rosalie) et celle de Port Sud-Est (l’actuel Ferney). En 1755, La Villebague produisit assez de sucre  pour ravitailler les nombreux voiliers de passage et satisfaire les habitants de l’ensemble du territoire des Mascareignes. Ainsi, la population de l’Isle de France passa de près d’un millier en 1735 à plus de 20 000 habitants en 1767 (dont 15 000 esclaves). C’est durant cette période que le créole mauricien apparut de la bouche des esclaves qui étaient victimes de mauvais traitements (le Code Noir n’était jamais suivi à la lettre) de la part des colons français. Durant ce temps de l’esclavage, les Noirs parvenaient à s’enfuir, mais étaient traqués, et durement châtiés quand ils furent retrouvés (soit au fer rouge, soit au fouet). Certains esclaves arrivaient à survivre en formant des communautés clandestines dans les régions reculées de l’île, telles que les hauteurs du Morne Brabant.

En 1764, le Royaume de France rachète l’Isle de France à la Compagnie des Indes. Ainsi, le Louis XV espère pouvoir dominer l’Angleterre sur mer, effacer ses échecs aux Indes et asseoir sa position aux Seychelles, en sa possession depuis 1756. Grâce à Pierre Poivre, désigné intendant général de l’archipel des Mascareignes en 1767, l’Isle de France devint une colonie prospère, organisée et enviée par les Anglais. Poivre introduisit en 1768 la première imprimerie de l’Isle de France à Port-Louis, et créa le Jardin de Pamplemousses à partir des nombreuses espèces végétales et d’épices qu’il découvrit lors de sa carrière de botaniste avant de s’occuper de l’île. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit les premières lois sur la protection de la nature à l’île Maurice. Pierre Poivre assainit également le climat moral et social du territoire en améliorant le sort des esclaves dans tout l’archipel.

Malgré l’éloignement de la métropole, la Révolution Française touche l’archipel des Mascareignes et les colons se voient libéré de la tutelle royale. Mais l’esprit des Lumières trouve ses limites puisque l’abolition de l’esclavage décrété le 4 février 1794 (le 4 février est un jour férié à l’île Maurice), se heurte à l’opposition des colons planteurs. L’Assemblée Coloniale de l’Isle de France se prononça donc contre ce décret et réclama sa suppression pure et simple. Les colons n’obtinrent qu’un sursis et décidèrent de ne pas appliquer le décret d’abolition. Napoléon Bonaparte prit le pouvoir en 1802 et répondirent à leurs attentes en rétablissant l’esclavage et en envoyant un nouveau gouverneur, le général Decaen, aux Mascareignes pour imposer le nouveau régime politique. Les colonies furent gérés par les administrateurs de l’empire désigné par Napoléon Ier.

Ainsi eu lieu la plus grande bataille navale française de l’Empire napoléonienne dans la baie de Grand-Port, dont la France sortit vainqueur (exploit gravé sur l’Arc de Triomphe à Paris). Mais en décembre 1810, 10 000 soldats anglais venant de l’île Rodrigues débarquèrent à Cap Malheureux et prirent d’assaut l’Isle de France largement inférieur en nombre de soldats. Le général Decaen, dernier gouverneur français de l’Isle de France, dut capituler au nom de la France. Selon les clauses du traité de Paris de 1814, les Français perdirent définitivement les Seychelles et l’archipel des Mascareignes hormis la seule île Bourbon qui fut rétrocédé à la France. Les Britanniques acceptèrent que les colons français qui le désiraient restent sur l’Isle de France qui fut rebaptisé définitivement jusqu’à nos jours l’île Maurice ou Mauritius Island pour les anglophones.

Malgré l’annexion de la colonie au Royaume-Uni qui abolit définitivement l’esclavage, la langue française subsista. Et après seulement deux générations, la langue véhiculée par les anciens esclaves africains et malgaches et des Français était devenue la langue maternelle des descendants d’esclaves de l’île Maurice : le créole mauricien.

***

EPISODE 4 : l’occupation anglaise (1710-1968)

Durant la période britannique, la population déjà installée était autorisée à conserver ses coutumes, lois et traditions, dont la langue française et sa langue véhiculaire, le créole mauricien. La langue officielle devint l’anglais, mais était très peu parlée.

Les Anglais sont à l’origine de l’abolition de l’esclavage en 1833 et de l’arrivée des premiers travailleurs immigrants chinois, malaisiens, malgaches, africains et indiens. Ces derniers constituaient la majorité de la main-d’œuvre engagée. Cette époque marqua le début du métissage fascinant propre à la population mauricienne d’aujourd’hui.